Comment retrouver du dynamisme en présentiel ?
Article écrit par Frédéric De Monicault et publié sur Le Figaro.fr.
Ça y est : de plus en plus d'entreprises demandent à leurs salariés de revenir massivement au bureau. Après les semaines de confinement général et de reprise très progressive du présentiel, le changement de braquet n'est pas si évident. Frédérique Miriel, Directrice du Workplace Consulting du cabinet de conseil en immobilier Colliers, et Yves Loiseau, Directeur Général Europe du sud et Amérique latine de l'éditeur de logiciels Textkernel, disent comment retrouver de l'entrain.
Fêter ce moment. « Il ne s'agit pas seulement de célébrer ce moment mais aussi et surtout de le savourer, expose Yves Loiseau, les salariés ne sont pas seulement contents d'être là, ils en ont envie. » Au regard de Frédérique Miriel, la période de confinement général a été tellement hors-normes que des moments de convivialité sont nécessaires pour apprécier à sa juste valeur un retour à un rythme plus normal. « Tout ensachant que nous avons basculé dans un nouveau monde : celui-ci s'annonce plus hybride, avec en particulier un équilibre à trouver entre télétravail et présentiel. » En attendant, ces moments de retour au bureau doivent absolument être « marqués ».
Trouver du sens à son travail
Ne pas faire comme s'il ne s'était rien passé. Le besoin de légèreté évoqué par Frédérique Miriel ne signifie surtout pas que le travail peut repartir comme avant, sans tirer les enseignements de la crise : « Les gens souhaitent partager cette expérience et par là même questionner leur relation à l'univers professionnel.Certains envisagent tout simplement de redémarrer sur de nouvelles bases. » De son côté, Yves Loiseau précise bien que le retour au bureau ne correspond pas à un état de grâce : « Plus que par le passé, les salariés vont vouloir trouver un sens à leur travail. Sans être grandiloquent, ils aspirent à laisser une empreinte. » Et d'expliquer que le moment est peut-être opportun d'aller voir son DRH pour lui faire part de ses réflexions en vue d'une éventuelle évolution. « Nul ne pourra contredire que la période a été propice à un exercice d'introspection. C'est sans doute l'occasion de rendre du temps aux salariés et de provoquer les prises d'initiatives de leur part.»
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Entendre la demande de télétravail. Avant la crise sanitaire, le travail à distance restait assez exceptionnel. Après le Covid-19, de nombreuses études montrent que près de 80% des effectifs des entreprises souhaite que ce modèle se pérennise, même à dose beaucoup plus réduite. « Aujourd'hui, si un employeur dit vouloir tourner le dos au télétravail, il risque de rapidement se mettre à dos ses salariés, poursuit Frédérique Miriel, les semaines écoulées ont montré que ce dispositif est synonyme de productivité. » Yves Loiseau souligne qu'au cours des semaines et des mois qui viennent, il serait parfaitement irresponsable d'entasser dans les immeubles de bureaux des milliers de salariés : « Si un télétravailleur livre en temps et en heure ce qui lui est demandé, au nom de quoi exiger un agenda 100% présentiel. »
L'agilité en point de mire
Aller vers les autres différemment. Cela n'échappe à personne : pendant la crise, sphère professionnelle et sphère privée se sont étroitement imbriquées. Pas seulement parce qu'on travaillait chez soi mais aussi parce que les craintes pour soi-même et/ou pour l'entourage rejaillissaient sur le contenu de l'activité. « Aujourd'hui, il est parfaitement légitime que ces craintes perdurent et la notion de respect entre les salariés qui s'est renforcée pendant le confinement doit perdurer, explique Frédérique Miriel, les gens ne reviennent pas tout à fait les mêmes dans l'entreprise, ce qui peut inciter à remodeler des équipes : ceci doit s'effectuer sans précipitation et sans brutalité. » Yves Loiseau rappelle qu'avant les crises les gens en entreprise se rencontraient d'abord par proximité géographique : aujourd'hui, on pourra être en mesure de jouer la carte de l'affinité, peu importe la localisation, avec la nécessité pour les organisations d'être de plus en plus agiles. « Cela sous-tend des rapports humains fondés d'abord et avant tout sur la simplicité. »
Repenser les environnements de travail. Le Covid-19 va générer des réaménagements d'espaces de travail de grande ampleur. Pour Yves Loiseau, la démarche à suivre tient en un mot : pédagogie. « Les managers et les salariés doivent pouvoir échanger, comme ont l'habitude de le faire les chercheurs, par exemple. » Pour Frédérique Miriel, il ne faut pas subir ces réagencements mais au contraire se les approprier ; « cela implique d'y réfléchir en amont pour réussir à gommer les crispations éventuelles ». Voilà pourquoi,à ses yeux, les environnements de travail de demain doivent soutenir ces modes de travail plus hybrides dans les usages « présentiel/distanciel », organisés autour du choix par le collaborateur de son lieu de travail,laissant de plus en plus de place aux nouveaux modes de collaboration agiles sans oublier la spontanéité et le contact humain. « C'est ce contact que l'on a tant regretté pendant le confinement et qui est sans doute ce que l'on vient le plus rechercher au bureau. »
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Photo réalisée par Welcome to the Jungle.
